Une maladresse dans les couloirs

La journée avait depuis bien longtemps commencé pour de nombreux terriens, dont Morgane Natsume, la petite infirmière du Girty Lue. Jeune demoiselle de dix sept ans, l'on aurait pu penser qu'elle préférerait, en temps de paix, s'adonner à d'autres loisirs. En effet, le métier de militaire n'intéressait que peu la gente féminine, Morgane était une exception à la règle. Pour elle, l'armée était une porte de sortie, une issue pour parvenir à s'en sortir dans la vie. Nourrie et logée à l'école militaire, elle compris très tôt qu'elle devrait travailler dur si elle souhaitait bénéficier du statut de soldat. L'armée lui garantissait du travail, des formations adaptées ainsi qu'un logement, ce qui était déjà amplement suffisant. Ne voulant rester chez son père, elle pris son indépendance de cette façon là.

Bien sûr, elle garda toujours contact avec un membre de sa famille, à savoir sa petite sœur. En effet, celle ci bien que très faible et malade devait rester à l'hôpital. Morgane lui rendait visite à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Quand à ses parents, cela faisait des années qu'ils n'avaient pas donné de nouvelles. Morgane avait réussit à tourner la page, essayant chaque jour d'aller de l'avant et gagner sa vie. Le métier d'infirmière semblait lui être prédestiné. Maintenant qu'elle avait été acceptée dans l'équipage du Girty Lue, vaisseau ayant été utilisé par le Phantom Pain durant la seconde guerre entre les Plants et la Terre, elle se donnait à fond pour ne pas risquer de perdre cette place si longtemps convoitée. Ainsi, elle avait déjà intégré l'infirmerie pour se familiariser avec son nouvel environnement.

Pour commencer, elle devait ramener du matériel qu'elle était allée chercher dans la remise. Pleine de courage, Morgane avait peut être surestimé ses compétences : elle avait pris beaucoup de choses dans les mains, que ce soit des boites à pansements, des bandes pour les bandages, des seringues pour les injections,... La liste était longue, et tout ce matériel ne tiendrait pas longtemps dans ses petits bras frêles et légers. Ayant déjà parcouru une bonne partie du vaisseau, elle espérait pouvoir arriver à l'infirmerie en un seul morceau, ce qui était difficilement envisageable pour le moment. Arriva alors ce qui devait arriver : Morgane finit par trébucher et fit tomber tout le contenu de ses bras à terre. Elle aussi s'était retrouvée au sol, mais pas seule !

*Aie Aie Aie... Ce n'est vraiment pas mon jour...*

"J-Je... Excusez moi je ne vous avais pas vu..."

Très gênée de ce qui venait de se produire, elle se mit à rougir. Morgane était une infirmière très timide, et ce genre de choses la mettait très facilement mal à l'aise. Et oui, la répartie ce n'était pas son truc, elle préférait s'excuser poliment en espérant que son interlocuteur accepte de l'écouter. Et c'est ainsi qu'elle reconnu le jeune soldat dont elle était tombée amoureuse dès son entrée à l'académie militaire.

"Bakura-san..."

Oui, c'était bien Bakura Yami qui était devait elle. Le jeune pilote qu'elle admirait depuis si longtemps en secret se trouvait face à Morgane. Elle n'osait rien dire pour le moment, espérant qu'il ne lui en voudrait pas, elle ne s'en remettrait pas avant longtemps si elle savait qu'il la détestait...

Bakura qui marchait dans les couloirs en direction des hangars lorsque soudainement une jeune fille lui tomba dessus. Se retrouvant tout deux à terre, il reconnu l'infirmière de ce vaisseau. Il regarda ensuite au sol, là où on pouvait voir tout ce qui était tomber et il lui proposa de l'aidé.

"Est-ce que vous avez mal ? Et est-ce que je peux vous donner un coup de main ?"

Alors qu'elle se redressait avec peine, contemplant tristement sa première maladresse de la journée, Morgane sentit son pouls s'accélérer lorsque Bakura pris la parole. En effet, il lui proposait de l'aider à ranger tout ce bazar et s'inquiéter de sa santé. Morgane ne savait pas du tout comment réagir face à ce genre de situation. Toujours aussi mal à l'aise, elle décida de prendre son courage à deux mains pour affronter sa peur et tenter de répondre à ce beau jeune homme, bien plus ouvert qu'elle ne croyait au premier abord.

"Oh ! Je vais bien, ne vous donnez pas tout ce mal !"

Elle se dépêcha de commencer à ramasser ce qui était tombé au sol pour limiter les dégâts. Ses yeux fixaient le jeune pilote qui s'était redressé rapidement. Peut être que son aide serait la bienvenue. L'infirmerie n'était pas loin, et puis elle avait encore du temps devant elle.

*Il a l'air tellement gentil... Je peux toujours essayer de lui demander de m'accompagner à l'infirmerie ?*

"Et vous, vous n'avez rien ? Si vous êtes souffrant je peux m'occuper de vous à l'infirmerie, pour l'instant il n'y a encore personne. J'espère que je ne vous fait pas perdre votre temps."

"Non je n'ais vraiment pas grand chose, à la limite un bleu, mais je vous aiderez a porter tout cela. Pour mon temps ne vous en faite pas, bon limite si vous avez personne alors je veux bien que vous me soignez mes petits bobo alors."

Bakura hors des combats pouvait être très sympathique.

Morgane n'avait que rarement vu Bakura dans ce genre d'état. En effet, lorsqu'elle le croisait à l'académie ou dans le vaisseau, il semblait toujours si froid et solitaire... En vérité, ce devait être un garçon sympathique qui avait besoin qu'on le comprenne ? C'était fort possible après tout, ne connaissant pas son vécu, Morgane ne pouvait que faire des suppositions à ce sujet. Elle rougissait toujours, mais un peu moins, la sympathie du jeune homme à son égard semblait l'avoir mise en confiance.

"Mais vous... Enfin... Si vous y tenez..."

Décidément, la répartie ce n'était pas le point fort de Morgane. Face à Bakura, elle avait beaucoup de mal à refuser quelque chose. Après tout, il voulait l'aider rien de plus. Et puis si il s'était proposé, c'est que ça ne le dérangeait pas, si ? De plus, il avait peut être besoin de soin, raison de plus pour lui de se rendre à l'infirmerie. Morgane accepta donc son aide.

"Bien, je vais vous conduire à l'infirmerie dans ce cas... Si je peux faire quelque chose pour vos blessures."

Ramassant les quelques objets qui étaient tombés à terre lors de sa chute, elle fut aidée par Bakura. Celui ci la suivit jusqu'à l'infirmerie. Une fois sur place, Morgane déposa le matériel sur la table avant de se tourner vers le jeune homme. Comme elle l'avait dit, il n'y avait personne hormis eux deux. Morgane aurait donc largement le temps de s'occuper de lui, une situation qu'elle ne savait comment interpréter. De la chance ? Peut être que cela ne se reproduirait pas deux fois, c'était l'occasion de faire plus ample connaissance d'un côté. Elle décida donc de reprendre, de sorte à ce qu'il se mette à l'aise.

"Vous pouvez poser tout ça sur le plan de travail, je vais tout ranger. Vous pouvez vous assoir sur le lit, ce sera plus confortable je pense. Maintenant montrez moi où vous êtes souffrant, que je vous soigne."

Bakura sous les conseil de Morgane, se mit sur le lit en attendant qu'elle s'occupe de lui. Bien qu'il ne s'agissait de pas grand chose, il préférait quand même et puis de toute facon il n'avait rien d'autre a faire.

"C'est pas grand chose, mais je n'ai rien de special a faire donc pourquoi pas. Et peut être que je reviendrasis plus souvent."

Morgane était en train de ranger tandis que Bakura lui répondait. Au fil de la discussion, elle le trouvait de plus en plus sympathique. Peut être que ce que les autres racontaient à son sujet n'étaient que des mensonges ? Peut être qu'il avait un bon fond. Morgane voulait y croire. Depuis toutes ces années à l'admirer dans l'ombre, elle avait enfin la possibilité de lui parler. C'était une chance à ne pas laisser passer ! Ainsi, elle devait s'arranger pour trouver des sujets de conversation afin d'en savoir un peu plus sur lui, sans toutefois se montrer trop indiscrète bien sûr !

"D'accord, je vais regarder cela. Attendez une seconde..."

Elle commença par regarder les plaies de Bakura. Ce n'était pas grand chose en vérité, quelques bleus ainsi que de légères égratignures. Tant pis, puisque Morgane avait promis de le soigner alors elle le ferait. Après tout, c'était bien elle la cause de ces blessures, il était normal de réparer cela. Elle s'aperçut alors que ça faisait un moment qu'ils se vouvoyaient. Était-ce bien raisonnable ? Ils avaient le même âge, faisaient partie du même équipage... Peut être que les choses se passeraient mieux si ils commençaient à se tutoyer ? Morgane y réfléchit un instant avant de lui proposer cette nouvelle idée.

"Euh... Dis moi... Cela ne te dérange pas si on se tutoie ? Je veux dire... Ce serait plus facile de se parler... Tu crois pas ?"

Morgane avait eut un peu de mal à formuler sa demande, mais elle y était tout de même parvenu. C'était déjà une bonne chose. Observant alors une nouvelle fois les plaies de Bakura, elle trouva alors une solution adaptée pour y remédier. Elle sortit donc un tube de crème apaisante qu'elle étalerait sur sa blessure, après lui avoir expliqué de quoi il s'agissait.

"Ça va peut être te sembler froid, mais ce ne sera pas long. Il faut que j'applique cette crème sur ta plaie pour qu'elle cicatrise plus vite. Comme ça, d'ici quelques jours elle aurait complètement disparue."

Après ces quelques explications, Morgane finit par esquisser un sourire, décida alors de se présenter. En effet, elle n'était pas sûre que Bakura se souvienne de son nom. Après tout, c'était la première fois qu'ils avaient l'occasion de se parler ensemble.

"Et tant que j'y pense, je m'appelle Morgane, Morgane Natsume. Si tu viens plus souvent, autant que tu sache qui je suis. "

Bakura la laissa regarder sa blessure sans rien dire, attendant qu'elle ait finit de parler. Elle préférait qu'ils se tutoient. Cela ne le dérangeait pas, au contraire ce serait peut être plus facile.

"Pas de problèmes, cela ne me dérange pas."

La jeune infirmière serait peut-être plus à l'aise comme ça, même si il fallait avouer qu'elle était très mignone quand elle rougissait. Elle lui expliqua ensuite ce qu'il fallait faire pour sa blessure.

"Ce n'est pas désagréable, je pensais que sa ferait plus mal. Raison de plus pour revenir me faire soigner plus souvent."

Il lui rendit son sourir puis l'écouta se présenter.

"Morgane, c'est un très joli nom. Tu es d'origine Japonaise ?"

Le fait qu'ils se tutoient se semblait pas déranger Bakura. C'était déjà un bon point, restait tout de même à voir ce qui allait se passer par la suite, une fois qu'ils auraient pu apprendre un peu plus l'un sur l'autre. Morgane se sentait déjà un peu plus dans son élément, même si le fait de se retrouver avec l'homme qu'elle admirait depuis son entrée dans l'armée rendait la situation très complexe.

"Merci, c'est ma mère qui l'a choisit... Elle était française et mon père japonais. Je crois que toi aussi tu es japonais, n'est ce pas ?"

Bakura Yami faisait écho à des origines asiatique, le nom Yami étant synonyme de ténèbres, c'est ainsi que Morgane en était venue à cette conclusion. Remarquez, après tout ce temps passé à l'observer en silence, il était sans doute normal qu'elle en sache autant. Était-ce le moment d'en parler ? Non, c'était bien trop tôt, il ne fallait surtout pas gâcher cet amitié récente ! Encore fallait-il qu'il la considère lui aussi comme son amie. Elle préféra lui demander, afin de mettre les choses au clair.

"Comme tu va sans doute revenir ici, je pense qu'on pourrait se considérer comme des amis tu ne pense pas ? Je ne suis dans ce vaisseau que depuis pas longtemps et je pense qu'avec toi j'arriverais mieux à m'intégrer... Enfin... Je crois..."

C'était une demande assez intimidante. Morgane continuait d'appliquer la crème sur la plaie de Bakura tout en cherchant à trouver un sujet de conversation. Elle reprit après un bref instant de silence, elle cherchait tout simplement à en savoir plus sur lui.

"Au fait, tu as de la famille toi ? Je sais que beaucoup de soldats d'ici ont perdus leurs parents dans la guerre et je trouve cela très triste. Ce n'est pas mon cas heureusement, même si ma situation n'est pas des meilleures non plus..."

"Oui je le suis aussi."

Alors qu'elle lui appliquait une crème, il posa son bras droit sur son épaule.

"J'en serais ravis Morgane...Enfaite pour répondre a ta question, non je ne les aient pas connus."

Comme elle le pensait, Bakura était d'origine japonaise. Morgane avait donc marqué un point, et ne cachait pas sa fierté, exprimant ses émotions par un large sourire.

"J'en étais sure ! Cela nous fait déjà un point commun. "

Encore une fois, le jeune homme approuva ses dires, ce qui la mit d'autant plus de bonne humeur. Cependant, elle avait encore des tonnes de questions à lui poser, c'est pourquoi elle continua sur sa lancée, sans se montrer trop indiscrète bien entendu.

"Contente que tu sois de mon avis. Au fait, je ne te vois pas souvent accompagné dans le vaisseau. As tu déjà des amis à bord du Girty Lue ? Ou bien sont-ils affectés ailleurs ? Cela m'étonne tout de même que tu ne te sois pas rapproché de quelqu'un, tu semble assez à l'aise avec les autres."

*Plus que moi en tout cas...*

Cette fois ci, elle semblait avoir fait une gaffe au sujet de la famille de Bakura. Peut être qu'il serait fâché à cause de ça ? Elle espérait que non et tâcha de se rattraper, ne pouvant s'empêcher d'être curieuse à son sujet.

"Oh ! Je suis désolée, je ne savais pas... Mais tu n'a jamais cherché à les retrouver ? Peut être qu'ils sont au Japon ?"

Il était parfois arrivé à Morgane de se demander si elle n'aurait pas été mieux sans connaître ses parents elle aussi. De toutes façons maintenant, elle n'avait plus de contact avec personne, hormis sa petite sœur malade... Consciente qu'elle en demandait peut être trop, elle voulu s'excuser.

"Je sais que ce ne sont pas mes affaires... Excuse moi... Tu préfère peut être que nous parlions d'autre chose ? L'heure de la pause est pour bientôt, on pourrait aller manger quelque chose tout les deux si tu veux. J'ai même une permission pour cet après midi. Sortir du vaisseau ne devrait pas poser de problèmes, et puis ils nous contacterons si ils ont besoin de nous, qu'en dis-tu ?"

Morgane croisait les doigts pour que Bakura accepte de sortir du vaisseau avec elle. Ce n'était pas comme si elle enfreignait une règle après tout, et puis les autres soldats en faisaient autant en ce moment. Le Girty Lue n'avait encore reçu aucun ordre, et puis ils n'iraient pas bien loin. En cas de problèmes, ils seraient contactés par leurs supérieurs : pas de danger !

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